Howard Robard Hughes (24 septembre 1905, 2 avril 1976) fut l'un des hommes les plus riches et les plus puissants des États-Unis. Il fut tour à tour pilote hors pair, homme d'affaires, producteur cinématographique, misanthrope, grand séducteur, excentrique, reclus.
Neveu de l'écrivain et cinéaste Rupert Hughes, Howard Hughes est un enfant couvé par une mère maniaque de l'hygiène. Héritant de la fortune de son père, fondateur de la Hughes Tool Company, société qui gère la majeure partie du petrole texan, l'adolescent se montre peu intéressé par les études. En 1925, il fait ses débuts de producteur avec un film qui ne sera pas commercialisé : Swell Hogan, réalisé par un ami acteur. Après cette expérience désastreuse, son entourage le dissuade de poursuivre dans cette voie, mais l'entêté Hughes crée en 1927 sa maison de production, la Caddo, et obtient ses premiers succès avec les comédies Everybody's acting de Marshall Neilan et surtout Frères d'armes, qui vaut à Lewis Milestone le tout premier Oscar du Meilleur réalisateur.
Passionné d'aviation, Howard Hughes se lance en 1927 dans la réalisation de son premier long-métrage,
Hell's angels avec Jean Harlow -projet d'autant plus ambitieux que le cinéaste ne bénéficie de l'appui d'aucun grand studio. Après un tournage long et coûteux (Hughes multiplie les prises de façon obsessionnelle), le film rencontre à sa sortie un grand succès critique et public, grâce à de spectaculaires scènes de combats aériens. Le producteur choisit ensuite Howard Hawks pour réaliser le film de gangsters Scarface, oeuvre séminale dont la violence déclenche les foudres de la censure en 1932. Les liaisons de Hughes avec des dizaines d'actrices de renom, de la vedette du muet Billie Dove à Ava Gardner en passant par Katharine Hepburn, viennent renforcer la réputation sulfureuse du producteur.
Se consacrant au milieu des années 30 à son autre marotte, l'aviation, le fougueux Howard Hughes bat à plusieurs reprises des records de vitesse et
rachète en 1939 la compagnie TWA. Il revient ensuite au cinéma pour tourner son deuxième long-métrage,
Le Banni (1943), nouveau défi aux ligues de vertu : le cinéaste provocateur se plaît en effet à filmer avec insistance le décolleté d'une débutante nommée Jane Russell.
Cependant après la guerre, son mental et son physique commencent à s'effondrer, et
il passe petit à petit la barrière de la folie et de l'irresponsabilité. Une vague histoire de relations sentimentales - peut-être au sujet de Ava Gardner - conduisit un jour le chanteur Frank Sinatra a émettre publiquement et à plusieurs reprises des menaces de mort contre Howard Hughes. Hughes ne porta pas plainte, mais qu'il s'agisse ou non d'une coïncidence, force est de constater que c'est vers cette époque qu'il commença à vivre de façon inhabituelle.
Se méfiant de plus en plus des microbes et de la Mafia, il commença à voir des espions et des traîtres partout et à se cloîter dans son bunker de Beverly Hills. Ses entreprises périclitaient. Vers 1966, il sort de sa tanière, et diversifie son empire en rachetant des stations de télévision, une série de casinos à Las Vegas, mais surtout en se construisant un empire immobilier à partir de Las Vegas.
Il commença par établir ses quartiers d'hôtel en hôtel, et après quelque temps, trouvant le Desert Inn de Las Vegas à son goût, il acheta purement et simplement l'établissement quand les propriétaires voulurent l'expulser ! S'y établit pour y vivre. Cependant la folie regagne du terrain et de 1968 à sa mort, il reste de nouveau cloîtré dans une chambre à Las Vegas, sous la garde vigilante d'infirmiers mormons, vivant comme un reclus (ou du moins prétexta de le faire, car bien qu'il soit censé ne pas quitter sa suite confortable, plusieurs personnes mentionnèrent l'avoir vu ailleurs à de nombreuses époques, sans que jamais sa présence ait été annoncée).
Il était entouré de mormons, qu'il estimait de toute confiance, et dirigea la totalité de ses affaires par télex et par téléphone, phénomène sans précédent dans l'histoire et qui excita bien des imaginations.
Drogué à la morphine puis à la codéine, il ne coupait jamais ni sa barbe, ni ses cheveux, ni ses ongles, et ses nervis le fournissaient en filles. Howard Hughes ne faisait confiance qu'aux mormons, qui profitèrent grassement de ses largesses.
À la fin de sa vie, à 70 ans, il n'était plus qu'un vieillard grabataire. Il avait perdu dix centimètres en taille et ne pèse plus que 40 kg, souffrant d’insuffisance rénale, de malnutrition, et atteint d’une syphilis tertiaire qui lui a endommagé irrémédiablement le cerveau. Cependant sa mort ne serait pas naturelle mais provoquée par une injection surdosée de codéine.
La mort de Hughes fut annoncée le 5 avril 1976, mais en fait il serait mort le 2 avril. La photo prise sur son lit de mort révèle un homme méconnaissable, qui n'a plus rien du séducteur de jadis. Hughes semblait avoir renoncé définitivement au souci des apparences comme il avait renoncé à toute vie sociale.
Un film a été réalisé sur sa vie par Martin Scorcese avec leonardo Di Caprio